Le Forodwaith.

Le cavalier semblait contenté :

-« Vous m’avez surpris avec ce maudit animal. Mais sans cette fourbe attaque sur mes flancs, je doute que vous seriez aller plus loin. »

Il fit un signe à ses archers montés qui se rangèrent immédiatement dans les rangs.

« La Maison d’Arnor n’a plus aucun pouvoir ici, son nom n’est qu’une feuille morte emportée par le vent. Mais il semblerait qu’elle est produite d’excellents combattants…tels que vous.

Il est agréable de voir que la raison l’ait emporté sur la rage.
Votre pays n’a pas été une destination de conquête pour mon Maître, sauf bien sur si vous aviez tenté d’entraver notre chemin.
Votre peuple, femmes, vieillards, et enfants, ne périront point sous notre lame. De même pour votre femme, qui est assurément une merveilleuse créature d’Eru-Iluvatar d’après la flamme ayant parcouru votre regard lorsque vous l’avez mentionné.

Si chacun de nous respecte ses frontières, notre entente pourra être éternelle et fructueuse. »

Foredan put alors constater qu’une petite fumée blanche et glaciale sortait de l’armure de l’ambassadeur perforée par le loup.
Une question s’imposa alors : Etait-il…humain ?
Ses yeux rougeoyants et son armure vieille de plusieurs milliers d’années avaient de quoi créer certains doutes…
Voyant que son interlocuteur s’interrogeait sur ce point, le sombre personnage rabattit un pant de sa cape sur sa blessure (En était-ce vraiment une ?), et demanda :

« L'armée du Forodwaith est avec moi, j’avais l’intention d’aller en installer une partie dans cette forteresse que vous voyez là. Le reste est néanmoins prêt pour la guerre, et je serais curieux de savoir quand est-ce que vous comptez partir dans le sud pour batailler. »

Foredan nota le drole de phénomène au niveau de la blessure du cavalier sombre, ce qui ne sembla pas passer innaperçu car il rabatti rapidement sa cape par dessus.
Cette créature était étrange...peut être une sorte de Nazgûl rescapé, ou pire encore. Quoiqu'il en soit, il était courtois et intelligent car il savait à qui il s'adressait, un seul message de Foredan suffirait à déchainer toutes les armées de l'Arnor, du Gondor, du Rohan, des derniers elfes et voire des nains sur les contrées du Nord.
Cependant, la créature semblait hative...Il fallait la tempérer.

Attaquer le Sud...quelle drôle d'idée ! Non, j'ai bien mieux pour les écarter d'ici. Mais avant de vous éviter quelques désagrément venu du Sud, je doit poser des conditions, surtout que vous souhaitez vous installer dans une forteresse bien proche de mes frontières...
J'ai entendu parler d'artefacts interessants cachés ci et là dans les contrées du Nord. Je suis féru de ce genre de choses, en mon Palais réside l'épée maudite du Roi-Sorcier et plusieurs autres objets de ce genre, j'aimerais compléter cette collection...
Vous devez surement savoir où je peux les trouver, emmener moi là où elle se cachent !
Et je trouve qu'il serait interessant aussi que je rencontre ce fameux Seigneur des Ombres...

Une flamme de curiosité, d'envie et du cupidité brulait dans le regard de Foredan.

Mais avant...je vous ai donné mon nom, j'aimerais connaître le vôtre.

«Pardonnes moi ces actes mon Amour...mais je fait cela pour toi, ma douce Ohena...» pensa-t-il.

Qui avait dit que le coeur des hommes était aisément corruptible ?

Un silence puis l’obscur cavalier répond :

-« Mon nom…Voilà bien longtemps que personne ne me l’avait demandé. »

Il sembla pencher un instant la tête et se tourna vers l’armée du nord avant de continuer :

« Je…l’on m’appelait jadis Agrod, des siècles et des siècles avant ce nouvel âge…

Il y a effectivement de nombreux artefacts dans cette terre glacée par la mort, mais vous et vos hommes ne résisterez pas longtemps aux caprices des esprits tourmentés.
Je ne puis venir à vos côtés car mon maître m’a confié une mission bien précise.
Cependant… »

Sans qu’il n’ait rien prononcé, quatre chevaliers en armure se dirigèrent vers lui et Foredan.

« Voici quelques uns de mes meilleurs hommes, ils vous protégeront des nombreux dangers qu’une mortel ne peut vaincre seul et vous aiderons à retrouver votre chemin lorsque les sentiers seront recouverts par un fin manteau blanc.

Je vous conseil de partir à la recherche d’Aeglos, ce qui veut dire « Pointe de Neige » en elfique, qui fut la lance de Gil-galad. Réputée pour la terreur qu’elle inspirait à ses ennemis, elle a servit son maître lors de la Dernière alliance à la fin du Second âge.

D’aucuns disent aussi qu’Orcrist, l’épée sœur de Glamdring ayant appartenue à Thorin, se trouve en Forodwaith.
Je ne suis incapable de vous affirmer avec certitude comment ses armes mythiques sont arrivées jusque si haut dans la Terre du Milieu, mais il est certain qu’elles ont aujourd’hui une valeur inestimable pour vous autres humains, et il est de même probable qu’elles comportent quelques pouvoirs cachés… »

Aeglos ? Ainsi cette lance existait toujours ? Les elfes ne l'avaient pas emportée avec eux sur les Rivages Blancs ?
Orcrist ? Glamdring ? Tous ces noms lui étaient connus, il fut ettoné de savoir que ces artefacts légendaires se trouvaient surement dans cette région perdue de la Terre du Milieu, mais en un sens, cela tenait debout.

Et bien, Agrod, je vous remercie pour ces informations, ainsi que pour ces soldats, car je doute pouvoir les appeler "hommes"...n'est-ce pas ?

Il lacha un rire à la fois moqueur et nerveux.

Vous avez une vague idée du lieu où j'ai une chance de trouver ces légendes ?

-« Des Hommes…Non, cela fait bien des années que nous n’en sommes plus.
Il y a tant de choses cachées au sein du Forodwaith, mais personne n’y vient car un grand pouvoir, plus fort que la mort, y réside. L’essence d’Angband y coule, dit-on, encore et tout ce qui fut fait dans l’Ancien Monde n’y a pas été détruit.

Soyez sur vos gardes, humain, car chaque crevasse peut cacher votre potentiel bourreau.
Vous trouverez assurément au moins l’un de ses trésors à Eithel Morgoth, le Volcan Maudit.

Ash Kazal ad Kalum ! »

Le cavalier s’en retourna et se dirigea vers le sud, dans le sens contraire de Foredan, bientôt suivit de sa petite armée.