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 Mémoires d'outre-tombe

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Localisation (en jeu) : Esgaroth
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MessageSujet: Mémoires d'outre-tombe   Mémoires d'outre-tombe EmptySam 13 Oct - 12:17

L'incident du peigne


J'étudiais un jour seul ma leçon la chambre contiguë à la cuisine. La servante avait mis sécher à la plaque les peignes de ma mère. Quant elle revint les prendre, il s'en trouva un dont tout un côté de dents était brisé. A qui s'en prendre de ce dégât ? Personne autre que moi n'était entré dans la chambre. On m'interroge; je nie d'avoir touché le peigne. Mes parents se réunissent, m'exhortent, me pressent, me menacent; je persiste avec opiniâtreté; mais la conviction était trop forte; elle l’emporta sur toutes mes protestations, quoique ce fût la première fois qu’on m'eût trouvé tant d'audace à mentir. La chose fut prise au sérieux; elle méritait de l'être: La méchanceté, le mensonge, l'obstination parurent également dignes de punition. Elle fut terrible. [...]
On ne peut m'arracher l'aveu qu'on exigeait. Repris à plusieurs fois, et mis dans l'était le plus affreux, je fus inébranlable. J'aurais souffert la mort et j'y étais résolu. Il fallut que la force même cédât au diabolique entêtement d'un enfant; car on n'appela pas autrement ma constance. Enfin je sortis de cette cruelle épreuve en pièces, mais triomphant.
Il y a maintenant près de cinquante ans de cette aventure, et je n'ai pas peur d'être aujourd'hui puni derechef pour le même fait. Hé bien, je déclare à la face du Ciel que j'en étais innocent, que je n'avais ni cassé ni touché le peigne, que je n'avais pas approché de la plaque, et que je n'y avais pas même songé. Qu'on ne me demande pas comment ce dégât se fit; je l'ignore, et ne puis le comprendre; ce que je sais très certainement, c'est que j'en étais innocent.
Qu'on se figure un caractère timide et docile dans la vie ordinaire, mais ardent, fier, indomptable dans les passions; un enfant toujours gouverné par la voix de la raison, toujours traité avec douceur, équité, complaisance; qui n'avait pas même l'idée de l'injustice, et qui pour la première fois en éprouve une si terrible, de la part précisément des gens qu'il chérit et qu'il respecte le plus. Quel renversement d'idées ! Quel désordre de sentiments ! Quel bouleversement dans son cœur, dans sa cervelle, dans tout son petit être intelligent et moral ! Je le dis, qu'on s'imagine tout cela, s'il est possible; car pour moi je ne me sens pas capable de démêler, de suivre la moindre trace de ce qui se passait alors en moi.
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MessageSujet: Re: Mémoires d'outre-tombe   Mémoires d'outre-tombe EmptySam 13 Oct - 18:25

Hrímfax



Il advint qu'un grand seigneur de Dale, qui élevait des troupeaux de chevaux vint à Esgaroth et offrit à mon père, Baïn d'Esgaroth, Maître de la cité sur le Long Lac, de lui vendre un certain cheval, qu'il disait être extraordinaire, et qu'il appelait Hrímfax - c'est à dire "Crinière de Givre" 1. Le prix demandé était considérable. Mon père se rendit avec le marchand dans la plaine pour examiner l'animal, car une affaire de cette importance méritait réflexion, et le Maître d'Esgaroth avait la prétention de s'y connaître fort bien en chevaux. Là, ils trouvèrent Hrímfax, aux mains de quelques valets, mais lorsque les écuyers de mon père voulurent l'approcher il se mit à ruer, à se démener de telle sore qu'il fallut se tenir à distance. Baïn essaya de lui parler, pensant que la voix d'un souverain serait plus efficace que celle de ses serviteurs; mais Hrímfax n'y fut pas sensible. Il semblait que ce cheval fût un animal sauvage, et Baïn, qui ne se souciait pas d'acheter si cher un cheval indomptable, déclara que l'affaire ne l'intéressait pas et invita le marchand à le ramener à Dale.
Toujours curieux, j'avais suivi mon père. Quand j'entendis le verdict:


- Quel dommage, dis-je, de laisser aller une si belle bête ! Pourtant, il n'y faudrait qu'un peu de courage et d'habileté.

Pendant quelque temps, mon père fit semblant de ne rient entendre, mettant cette réflexion sur le compte de la jeunesse et de l'inexpérience - je venais de fêter mon douzième anniversaire ! Mais, comme je continuais mes remarques dédaigneuses, il n'y put plus tenir et s'écria:

- Eh bien ! mon fils, tu crois en savoir plus long que ton père ? Tu crois t'y connaître en chevaux mieux que lui ? Tu t'imagines que tu pourrais dompter celui-ci ?

- Celui, oui, sans aucun doute ! répondis-je. Je saurais m'y prendre avec lui mieux que n'ont fait jusqu'à présent les écuyers.

- Eh bien ! reprit mon paternel, supposons que tu essaies. Si tu ne réussis pas, quelle punition mériteras-tu pour ta présomption ?

- Je te paierai le prix du cheval.

A ces mots, tout le monde se mit à rire. Baïn, qui savait que son fils n'avait guère d'argent, voulut cependant le prendre au sérieux et, avec le plus grand calme, accepta le pari. Alors, j'avançai calmement vers le cheval, en l'abordant bien en face et, lui prenant doucement la bride, lui tournai la tête dans la direction du soleil. Puis, le tenant toujours par la bride, je lui fis faire quelques pas. Hrímfax ne protestait pas; il me suivait docilement, comme s'il avait trouvé son maître. Je m'arrêtai, lui flattai l'encolure et, lorsque la bête fut calmée, faisant d'un geste de l'épaule tomber mon manteau, je bandit légèrement sur le dos du cheval qui se mit à trotter droit devant lui. D'abord, Hrímfax voulut faire un ou deux écarts mais, d'une pression modérée, sans lui tirer violemment sur la bouche, sans crier nie le frapper, je le remis dans le bon chemin. Et quand je sentis la bête impatiente de galoper, je lui rendis les rênes, la pressai de la jambe et, après un long temps de galop, la ramenai devant mon père, définitivement domptée.
Baïn, d'abord rempli d'anxiété, avait suivi la scène avec angoisse, mais peu à peu il s'était rassuré et, lorsque je sautais à terre en lui présentant le cheval adouci, son admiration ne connaissait plus de bornes. Mais, coupant cour aux compliments, je lui expliquai que ce que j'avais fait n'avait rien de miraculeux. J'avais remarqué, disais-je alors, que l'animal n'était effrayé que par son ombre, qui se projetait sur le sol devant lui et plus il se démenait, plus l'ombre s'agitait et accroissait sa terreur. Mon père fut encore plus frappé par l'intelligence dont témoignait cette remarque que par le succès de son fils, aussi longtemps qu'il l'avait attribué à la seul fermeté de sa main. Il versa des larmes de joie et me prenant dans ses bras, me dit:


- Mon fils, il est temps de te chercher un royaume qui soit digne de toi. L'Esgaroth est trop petite !


1 ndlr: nom de l'un des chevaux de la mythologie nordique. Les habitants d'Esgaroth, les Daliens, étant de proches parents des Rhorrims, j'ai choisi un nom de cheval nordique du fait que, pour Tolkien, la langue des Rohirrims soit apparentée au langage celte.
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MessageSujet: Re: Mémoires d'outre-tombe   Mémoires d'outre-tombe EmptyLun 15 Oct - 15:28

Le pacte du sang


Dans la grange, il faisait froid. Les courants d’air s’infiltraient par les fissures béantes dans la pierre et entre les planches de bois mal positionnées. Le toit, lui, menaçait de s’écrouler à chaque hiver, sous le poids incommensurable de la neige. Un bœuf avait été amené pour l’occasion. L’on allait procéder à son sacrifice. L’animal beuglait, sentant son heure proche, et de l’écume pendait de sa large gueule. Une espèce d’autel avait été placé au centre.
Fort mal assis sur une banquette grossièrement taillée dans l’ébène, je regardais la scène qui se déroulait sous mes yeux. Du haut de mes dix ans, le jeune garçon que j'étais ne comprenait pas encore vraiment bien les mœurs que l’on avait l’habitude de pratiquer ici même.
Dans un coin opposé, se tenait mon père. Un long manteau gris et blanc en fourrure de loup le recouvrait de la tête aux pieds. Il tenait un couteau à la lame scintillante dans sa main droite.


- Approche, tonna-t-il de sa voix rude.

Je me levai et se dirigeai vers mon père. Celui-ci m’invita d’un geste rapide, saccadé, à s’approcher de l’autel. Dessus, trônait un sceau au bois soudé, retenu par des anneaux de fer. Mon père prit le sceau et alla le placer sous le cou du bœuf jusqu’à maintenant oublié. Attendant que je me retournasse pour le regarder faire, il positionna la lame du couteau en travers de la gorge de l’animal. Puis, pressant sur la chaire, il entailla le gosier de la bête qui poussa un beuglement terrible avant de s’écrouler. Le sang coulé fut récolté dans le sceau que le bourreau remit aussitôt sur l’autel. Avant de reprendre :

- Viens, trempe tes mains dans le sang.

Je m'avançai, regardai dans le sceau. Le reflet de mon visage apparaissait dans le miroir rouge. Après un long moment d’hésitation, je plongeai une main, puis l’autre, dans le liquide glacé. Enfin, je les ressortis.

- Laisse les gouttes perler au-dessus. Maintenant, répète après moi : Je jure que, tant que je serai en vie, aucun ennemi…

- Mais père, je…

- Tais-toi ! … aucun ennemi ne saura venir à bout de ma hargne. Nul ne résistera, nul ne vaincra. Le courage et la témérité seront ma force et mon chant. Puisse la terre qui m’appartient n’être souillée et puisse la mémoire de mes aïeuls rester préservée et qu’ils soient fiers de moi lorsque je viendrai les rejoindre.

C'est ainsi que je scellai mes engagements futurs envers mon peuple. Lorsque j'y repense, je sens encore le dégoût qui m'anima ce jour-là. Comme je pus haïr mon père par la suite de m'avoir contrait à un tel acte ! De mémoire, je ne crois pas avoir jamais entretenu de bons rapports avec mon paternel. Quant à ma mère, je n'avais que trois ans lorsqu'elle nous abandonna. D'elle, je sais juste qu'elle fut une femme forte et courageuse. Et du courage, il lui en fallut pour vivre avec son époux !
Aujourd'hui encore je m’efforce à comprendre, à donner une signification mais en vain. Ô combien ces paroles tourmentèrent l’esprit de l’enfant que j’étais. Quelle image un père donne-t-il à son fils en agissant ainsi ? Enfin, je peux témoigner de la hargne qui m’habitait alors envers l’homme qui m’appelait son fils. Fort heureusement pour moi, de l’eau a coulé sous les ponts de mon existence et je sus par la suite me détacher de ces sentiments rancuniers.
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